"La Nouvelle-Calédonie est sur une pente positive." C'est le diagnostic de Louis Mapou,
membre élu du 17ème gouvernement, et candidat à sa présidence.
Un optimisme que l'on n'est pas
forcé de partager.
Une pente oui, mais l'on peut
s'interroger sur le sens de sa déclivité, quand on voit l'accumulation des
dossiers brûlants rendus plus incandescents encore par la persistance de la
crise institutionnelle.
Cette semaine, et pour la troisième
fois consécutive – voire la quatrième si l'on considère qu'il y a eu deux
scrutins ce 1er avril – les indépendantistes ont été dans
l'incapacité de trouver un accord pour élire un président du gouvernement.
Incapacité ou absence de volonté ?
C'est l'une des questions qui se
pose même s'ils affirment qu'ils sont en discussion et que ces discussions
avancent. Quand on pense qu'ils ont fait
tomber le gouvernement il y a deux mois, c'est le moins que l'on puisse
attendre...
Mais en réalité, on semble bien dans
une impasse dans la mesure où tout oppose l'UC et l'UNI. La vision de la
société, les systèmes économiques, la volonté de pouvoir, les questions de
personnes, sans oublier les visions de l'avenir… Ils ne sont d'accord sur rien
!
Et c'est dans ce contexte, où ils n'arrivent
pas désigner le président d'un gouvernement dans lequel ils sont,
artificiellement, majoritaires, que les indépendantistes sont en capacité de
demander l'organisation du 3ème référendum.
Ils peuvent le faire puisqu'il
suffit que 18 élus en fassent la demande, par écrit, au haut-commissaire, à
partir du sixième mois suivant le scrutin, c’est-à-dire à partir d'aujourd'hui.
Le deuxième référendum
a eu lieu le 4 octobre, et cela nous amène donc au 5 avril.
Mais attention, la date
de la demande a son importance parce que la consultation a lieu dans les
dix-huit mois qui suivent la saisine du haut-commissaire, c’est-à-dire que
s'ils le font aujourd'hui cela nous amène au plus tard au 5 octobre 2022.
Et entretemps, dans
cette période de 18 mois – et cela n'aura échappé à personne – il y a, en mai
2022, l'élection présidentielle !
Une échéance qui n'est
pas neutre pour la Nouvelle-Calédonie même si chacun convient que le dossier
calédonien ne doit pas être un enjeu de politique nationale. N'empêche !
Personne ne veut de concordance
entre la campagne référendaire et la campagne présidentielle et cela réduit
d'autant la fenêtre d'organisation d'une troisième consultation.
Mais qui veut vraiment de ce
troisième référendum binaire qui ne ferait que confirmer un rapport de force
que l'on connait et qui risque encore d'enflammer les passions et de durcir les
positions ?
Les indépendantistes y ont-ils
vraiment intérêt alors qu'ils savent que, mathématiquement, ils le perdront,
même si une partie de leur électorat est enfermée dans l'obligation
communautaire de voter en faveur d'une indépendance dont elle ne veut pas ?
Même
Christian Blanc – qui affirme vouloir l'indépendance kanak le plus tôt possible
– estime que cette troisième consultation n'est pas une bonne idée. Il craint
qu'un troisième référendum, avec une victoire des loyalistes, ne nous conduise
à retrouver des situations que personne ne souhaite.
Auréolé de
son rôle dans la mission du dialogue, on aurait pu penser qu'il ait une analyse
plus fine de la situation calédonienne.
Mais décidément,
l'ancien bras droit de Pisani n'a pas changé et il n'a rien appris.
On en vient
à regretter qu'il ait rompu vingt ans de silence, pour commettre cet ouvrage
que l'on n'a pas vraiment envie de lire.
Lui,
clairement, il n'est pas sur une pente positive.