
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée 08 09 25
Il faut qu'on avance ! C'est le mantra de Manuel Valls depuis des mois. A tel point qu'il est allé trop vite à Deva en essayant de faire passer son projet d'indépendance association qu'ont refusé les Loyalistes et le Rassemblement.
Mais cela n'a pas découragé le ministre des outremers qui a continué d'avancer après même que le Président de la République lui ait repris le dossier calédonien. Et ce fut l'accord signé au bout de la nuit à Bougival, un accord qualifié d'historique et pour lequel le ministre, depuis, se bat bec et ongles.
Il s'agace après le rejet par le FLNKS d'un accord que sa délégation avait pourtant signé, mais pour autant, il ne lâche rien et il répète, à l'envi, qu'une majorité des groupes politiques, dont une grande partie des indépendantistes, soutient cet accord qu'il faut désormais mettre en œuvre.
Et il s'énerve quand on dit que l'accord est mort-né ou qu'il faut sauver Bougival. "C'est faux" affirme le ministre d'Etat qui déclare qu'il n'y a pas d'alternative et qui met en place, séance tenante, le comité de rédaction de la loi constitutionnelle.
Il y a une quinzaine de jours, il a quitté Nouméa en proclamant que "l'accord de Bougival est conforté et que nous avons considérablement avancé". C'est – je vous le disais – le leitmotiv de Manuel Valls "Il faut qu'on avance !"
Au point qu'il est presque dans le déni quand on l'interroge sur les conséquences de la crise politique nationale sur l'accord de Bougival. Pour lui, "l’État devra, quoi qu’il arrive, assurer la continuité des échanges et du cap tracé" et il ajoute que la chute du gouvernement pourrait seulement entraîner "un décalage de quelques jours ou de quelques semaines", mais sans remettre en cause le processus engagé.
N'empêche... il a beau afficher la plus grande assurance, il est prudent et à la veille de la chute du gouvernement dont il est le numéro 3, Manuel Valls veut avancer en faisant publier, au Journal Officiel, l’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie signé le 12 juillet à Bougival. Une publication qui marque, selon lui, une étape importante puisque l'accord continue de progresser vers sa mise en œuvre concrète.
En réalité, la publication du texte de l'accord au Journal officiel ne lui donne pas de force exécutoire mais Manuel Valls veut assurer, et faire en sorte que même si le gouvernement Bayrou tombe et même si, lui-même, ne retrouve pas sa fonction de ministre des outremers, il reste une trace tangible de l'accord signé le 12 juillet.
Il n'en fallait pas plus pour énerver l'Union calédonienne qui, dans un langage fleuri, qualifie Manuel Valls de "prestidigitateur colonial au service de la macronie".
L'UC CCAT dénonce les méthodes colonialistes et dilatoires de l’État français, mais surtout, elle indique qu'un texte "dont les signataires sont inconnus et dont le contenu est flou ne peut servir de base à un report arbitraire des élections."
Le refus du report des provinciales à juin 2026, c'est l'une des revendication de l'UC CCAT et cela va être son combat, dans les prochaines semaines. Elle relaie, ainsi, la revendication des députés LFI qui, dans une lettre au Premier ministre, en date du 3 septembre, lui demandent de convoquer les élections provinciales avant le 30 novembre 2025. Le problème, c'est qu'il faudra faire vite. La commission du congrès a déjà donné son accord au report et le congrès se prononcera lundi prochain, le 15 septembre, avant que le Sénat n'examine le texte, a priori le 23 septembre.
Comme l'espère Manuel Valls, on avance malgré l'instabilité politique nationale, malgré l'inconnue de la majorité sur laquelle pourra s'appuyer le texte.
On avance et de toute façon, dans l'état où se trouve la Nouvelle-Calédonie, faut qu'on avance parce que, comme le dit la chanson, on n'a plus assez d'essence pour faire la route dans l'autre sens.