Chronique du 26 novembre 2018
Que
faire du résultat du 4 novembre ?
C’est
la question qui se pose dans tous les états-majors politiques, trois semaines
après le scrutin, et alors que l’on en est toujours à l’analyse post
référendaire.
Et
la réponse n'a rien d'évident tant ce scrutin pose plus de questions qu'il
n'apporte de solution. A la vérité, il n'aura servi à rien si ce n'est à
confirmer un rapport de force inchangé que l'on constate, scrutin après
scrutin, depuis des décennies.
Chaque
camp a sorti les calculettes mais c'est presque pathétique puisque l'on fait
dire aux chiffres ce que l'on veut. Et quand les indépendantistes se
réjouissent d'un score du OUI plus
large que prévu, les partisans du maintien dans la France mettent en
avant une victoire du NON et même, une
progression en voix du NON à l’indépendance dans les trois provinces.
Nous voilà bien avancé !
Que
faire du résultat du 4 novembre ? L'Etat non plus n'a pas la réponse et il
espère qu'il sortira quelque chose du comité
des signataires qu'il a convoqué pour le 14 décembre mais rien n'est moins sûr.
Le seul débat qui émerge porte sur la deuxième et
la troisième consultations. Enivrés par
leurs 43%, les indépendantistes, veulent à tout prix leur maintien et font déjà
miroiter à leur base un nouveau mirage, en affirmant que 2020 c'est possible.
De leur côté, les non indépendantistes vont tout
faire pour écarter ces nouvelles consultations, persuadés que le résultat ne
pourra pas être inversé et que ces référendums à répétition entraineraient une
instabilité politique et économique désastreuse pour la Nouvelle-Calédonie.
Et c'est vrai que l'on imagine mal une campagne
électorale permanente sur le thème du oui ou non à l'indépendance, qui nous
amènerait jusqu'en 2022 !
D'autant plus qu'il y a, dans la population et
chez les partenaires sociaux, une vraie volonté de dépasser ces questions
institutionnelles pour se consacrer, enfin, aux dossiers de la vie quotidienne
des calédoniens.
Mais la pauvreté du débat politique montre bien
que l'on a raté quelque chose et que l'on a perdu tout le bénéfice des 30 ans
écoulés.
Il y avait, ces dernières décennies, une
exception calédonienne.
Celle de deux légitimités qui, après s'être
violemment affronté, avaient choisi la voie de la réconciliation et de la paix
et avaient décidé de construire, ensemble, leur avenir.
On est loin de cette aspiration élevée et l'on
est revenu à la case départ, même si beaucoup ne l'ont pas encore compris et
restent enfermés dans le paradigme d'il y a vingt ans.
C'est le cas du leader de Calédonie ensemble qui
– faute de vision à long terme – reste englué dans une lecture littérale de
l'Accord de Nouméa qu'il n'a ni négocié, ni signé.
Et d'après lui, rien n'est possible sans l'accord
des indépendantistes. Ni le retrait des prochains référendums, ni le dégel du
corps électoral.
Mais
s'il faut, toujours et pour tout, l'accord des indépendantistes, alors que la
majorité des calédoniens a dit son refus de l'indépendance, cela revient à confisquer
le résultat du référendum parce que la seule solution qu'accepteraient les
indépendantistes, ce serait une indépendance association ou une indépendance
avec partenariat.
Est-ce
le message subliminal du leader de Calédonie ensemble ?
Toujours
est-il qu'après avoir fait campagne pour un petit NON, il a clamé partout que
le NON l'emporterait par 70/30 et, aujourd'hui, il rend responsable les
partisans d'un NON massif de la mobilisation des indépendantistes.
Peut-être
une réaction de dépit après le faible impact de ses 130 réunions qui devaient,
à l'entendre, modifier le vote des tribus.
Mais Philippe Gomès ose tout ! C’est à ça qu’on
le reconnait.