Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

22 avril 2024 à 01:04

Par un improbable clin d'œil de l'histoire, c'est le Rassemblement qui peut aujourd'hui revendiquer la devise de l'Union calédonienne : "deux couleurs un seul peuple".

"Deux couleurs, un seul peuple." Par un improbable clin d'œil de l'histoire, c'est le Rassemblement qui peut aujourd'hui revendiquer la fière devise de l'Union calédonienne.
L'un des plus vieux partis non indépendantistes, celui qui a fait l'histoire récente de la Nouvelle-Calédonie, vient bousculer tous les clichés en se dotant d'un président mélanésien.
Et ce n'est pas un choix cosmétique ou démagogique. Alcide Ponga s'est imposé, naturellement, comme le chef de file du Rassemblement, le candidat indiscutable face auquel personne n'aura osé se présenter et qui aura été plébiscité par les adhérents.
Il a, pour lui, un parcours professionnel exemplaire, dans la mine, à la SLN et à KNS.
Un parcours politique, aussi, qui parle de lui-même comme maire de Kouaoua, une commune indépendantiste dont il a été le premier maire non indépendantiste. Comme élu à la Province Nord et au congrès où il siège parmi les partisans de la France.
Mais surtout, il est issu d'une longue lignée de mélanésiens fiers d'être français avec un grand père, un père, une mère et un oncle engagés politiquement dans le camp de la France dans un temps où l'on ne faisait pas croire aux jeunes kanak qu'ils devaient forcément être indépendantistes parce que kanak.
C'était un temps où de nombreux mélanésiens défendaient ce qu'ils appelaient la mère patrie parce qu'ils s'étaient battus pour elle et qu'ils partageaient une histoire commune avec tous les calédoniens.
C'est, pour le Rassemblement, à la fois une divine surprise et un retour aux sources que l'élection à sa présidence d'un mélanésien et Alcide Ponga met naturellement ses pas dans ceux de ses grands anciens Doui Wetta, Néa Gallet, Auguste Parawi Reybas mais aussi Dick Ukeiwé, Maurice Nénou, Simon Loueckhote ou Hilarion Vendégou et cela ne devrait surprendre personne.
Le Rassemblement, c'est le parti de la résistance pendant les années de cendres, c'est le signataire des accords de Matignon et de Nouméa, mais c'est aussi l'initiateur des deux drapeaux et celui qui appelait, avant tout le monde, à la recherche d'un troisième accord en évitant les trois référendums couperets qui allaient diviser, de façon binaire, la population calédonienne.
Un parti qui a souffert au cours de ces dernières décennies et Alcide Ponga l'a rappelé, après son élection, en évoquant dans son discours, les péripéties et les séquences douloureuses qu'a vécues le Rassemblement. Il a appelé à les traiter et à les corriger pour ne pas répéter éternellement ces dérives. Et il a aussi appelé à l’unité des partisans de la Calédonie française, un principe qui, pour lui, doit primer sur tous les autres. Un principe mis en œuvre dans les discussions pour l'avenir et dans la défense du dégel du corps électoral. Mais pour que cette unité soit complète, Alcide Ponga n'a pas hésité à mettre en garde "contre les calculs personnels et les initiatives individuelles qui mèneront à de petites victoires sans lendemain". Mais ceux qu'il visait n'étaient peut-être pas là pour l'entendre.
Près de deux ans et demi après les trois référendums qui ont fracturé la société calédonienne, une semaine après les deux manifestations qui ont traduit la bipolarisation de la Nouvelle-Calédonie, l'élection d'un mélanésien à la tête du Rassemblement apporte un nouvel éclairage sur la réalité du territoire et sur sa capacité à construire son avenir.
Une réalité à laquelle devrait réfléchir l'Union calédonienne qui semble avoir oublié sa devise d'origine et qui en est à proposer à sa jeunesse l'exemple de l'Azerbaïdjan.
Bien loin de "deux couleurs, un seul peuple."

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