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Violences à Kaméré en juin, les suites des enquêtes

La suite du traitement judicaire des émeutes, avec cette affaire rendue publique hier par le procureur de la République. Elle concerne une affaire de coups mortels par arme à feu, qui a eu lieu le 23 Juin, à Kaméré.

Par Jean François Bodin 13 décembre 2024 à 18:36
Palais de justice

Ce soir-là, vers 20h40, la police reçoit l’appel d’un homme, menacé par une trentaine d’individus qui tournent autour de sa maison, en menaçant le tuer, ainsi que sa famille, et d’incendier son habitation. L’homme, visiblement paniqué, a déclaré avoir fait usage de sa carabine 22 long rifle pour repousser les assaillants. Dans des conditions extrêmement difficiles, les forces de l’ordre finissent par arriver sur place vers 22h, et c’est le raid qui permettra d’extraire la famille menacée et les voisins de ce contexte insurrectionnel. Les enquêteurs mènent dans la foulée les premières investigations, constatent que plusieurs fenêtres sont brisées, que le sol de la maison était jonché de pierres et de morceaux de bois, et que certaines dégradations confirment l'intrusion dans le domicile de plusieurs individus. Ils récupèrent l’arme du propriétaire et constatent aussi le vol d’un véhicule. Les témoignages et l’exploitation d’une vidéo réalisée par un voisin mettent en évidence en évidence un contexte de violences et de menaces très graves visant la famille des victimes, notamment « Tuez-les tous, entrez dans les maisons, sortez les bâtards de blancs, tuez-les, tuez ce sale chien ... » La maison des victimes a ensuite été incendiée le 29 juin 2024 .

 

A la suite de ces faits, 2 enquêtes ont été ouvertes. La première, pour violences ayant entrainé une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours commises en réunion et avec arme sur le propriétaire des lieux et sa famille, menaces de mort réitérées, destruction de biens par incendie, et vol en réunion avec dégradations.

La seconde pour violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner suite au décès d’un jeune homme de 23 ans , atteint par un projectile au niveau du bas du ventre.

 

La première enquête a abouti à l’arrestation d’un mineur de 17 ans, qui a été déféré au parquet avant sa convocation devant le tribunal pour enfants à une audience de janvier 2025. En attendant, il a été placé en détention provisoire jusqu'à sa comparution à l'audience, par ordonnance du juge des libertés et de la détention, décision conforme aux réquisitions du parquet. Lors de ces auditions, il a reconnu avoir participé aux faits de menaces de morts réitérées et aux dégradations. Il a aussi confirmé que le jeune homme de 23 ans se trouvait bien avec lui et qu'après trois coups de feu tirés par l'occupant des lieux, les assaillants s'étaient enfuis.

Le jeune homme qui avait été blessé au bas-ventre, avait été raccompagné à son domicile par le mineur. Il avait précisé à ses parents qu'il « avait participé à un délire avec des copains ». L’enquête pour violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner avec arme, a permis une autopsie de la victime qui a montré que le décès du jeune homme était consécutif à une hémorragie importante compatible avec une blessure provoquée par une arme à feu.

Le projectile retiré sur le corps correspondait bien au type de munitions et à l'arme utilisée par le propriétaire des lieux. Lors de ses auditions, le propriétaire des lieux a expliqué qu'il avait tiré à cinq reprises pour provoquer la fuite des assaillants dont trois d'entre eux s'étaient introduits dans l'une des chambres, menaçant directement sa famille et lui-même. Il a également reçu une grosse pierre et un pot de fleur.

Il a aussi indiqué qu’il tiré dans l'obscurité et plutôt en hauteur sans chercher à viser une personne, dans un contexte de crainte majeure pour leur vie.

Le parquet a décidé ce jour, de classer sans suite cette procédure au motif qu'il s'agit d'une action de légitime défense, la riposte du propriétaire des lieux étant proportionnée à la gravité de la menace pesant sur deux membres de sa famille et lui-même , vu le contexte avéré de péril de mort.

Par conséquent, la responsabilité pénale de l'occupant des lieux ne peut être engagée pour les violences exercées dans ce contexte de légitime défense.

 Cette décision de classement sans suite a été communiquée et expliquée aux parents du jeune homme décédé.

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