La fréquence aux couleurs de la France

Sonia Backes propose l'autonomisation des provinces

14 juillet 2024 à 08:26
Sonia Backes propose l'autonomisation des provinces

Sonia Backès s'est exprimée, en ce jour de fête nationale. Une déclaration prononcée depuis l'hôtel de la Province Sud que vous avez pu suivre sur notre antenne.
Puisque le vivre ensemble est un échec et que l’affrontement n’est plus tolérable, marchons côte à côte. C'est la proposition de Sonia Backès, lors de cette déclaration solennelle au soir du 14 juillet.
La présidente de la province Sud pose les bases d'une réforme institutionnelle visant à l’autonomisation des provinces.
Elle a débuté son propos par une pensée et des remerciements à tous ceux qui vivent des moments terribles dans cette crise qui dure depuis bien trop longtemps avant de se livrer à un rappel de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie jusqu'à l'Accord de Nouméa dont elle fait le procès en relevant toutes les ambiguïtés et de faire le constat de l'antagonisme de deux civilisations
"Au même titre que l'huile et l'eau ne se mélangent pas, je constate à regret que le monde kanak et le monde occidental ont, malgré plus de 170 années de vie commune, des antagonismes encore indépassables", a-t-elle déclaré.
Pour elle, les ambiguïtés de l’Accord de Nouméa ont empêché toute possibilité d’une fin heureuse pour la Calédonie. Nous revoici donc, comme en 1988 à devoir signer un accord de paix pour que cesse ce conflit.


Il va maintenant falloir reconstruire avec un soutien massif et inconditionnel de l’État mais il faudra plusieurs années avant de retrouver le niveau de vie que nous avions avant le 13 mai déclare Sonia Backès mais elle affirme que notre plus grosse perte ces deux derniers mois, c’est celle de l’espoir du vivre ensemble. "Les propos de certains indépendantistes radicaux l’avaient déjà fortement abîmé. Les actions violentes de la CCAT ont malheureusement porté un coup fatal à cet idéal. Les propos racistes scandés par les émeutiers lors de leurs exactions, l’apologie
décomplexée du nazisme faite par ces derniers et le projet clairement xénophobe qui motive la CCAT nous oblige à une analyse limpide de la situation. Il y a en Nouvelle-Calédonie une partie de la population qui ne souhaite pas de ce vivre ensemble. Une partie de la population qui, trop longtemps abreuvée d’une haine sans limite, veut construire un pays sans nous. Les tristes événements de ces dernières semaines nous l’ont démontré et il serait irresponsable de cacher cette réalité."

La présidente de la Province Sud s'adresse en particulier aux Calédoniens d’origine Wallisienne et Futunienne pour leur dire de ne pas se leurrer. Le discours d’océanité de l’Union calédonienne, leur dit-elle, n’est qu’une manœuvre politicienne visant utiliser votre poids électoral pour obtenir l’indépendance il n’y a pas de place pour vous dans leur projet.
Elle aborde ensuite les récentes élections législatives, pour réaffirmer que la Calédonie restera française. "Les récents résultats des élections législatives ont donné à la Nouvelle-Calédonie un député loyaliste et un député indépendantiste. J’entends depuis les commentaires qui affirment que le nombre de voix obtenues par les indépendantistes serait plus nombreux que celui réalisé par les non-indépendantistes. Et que donc une indépendance s’imposerait d’elle-même et remettrait en cause le résultat légitime des 3 référendums. Mais de quoi parlons-nous ? D’une élection législative. Pas d’un référendum d’autodétermination que les indépendantistes n’ont jamais gagné. Soyons clairs : votre droit à l’autodétermination ne sera jamais supérieur au droit d’être français que nous avons gagné, par trois fois, grâce à la force de nos arguments et par la légitimité des urnes."


Et face à ces différents constats, la présidente de la Province Sud formule une proposition, celle de l'autonomisation des provinces
"Dans ce contexte de tensions et d'oppositions irréconciliables, il faut dire les choses avec franchise. Aucun des 2 camps n’a réussi à convaincre l’autre. Le projet d’une Nouvelle-Calédonie institutionnellement unie et fondée sur un vivre ensemble, les uns avec les autres, est révolu. Les indépendantistes radicaux l’ont tué. L’idée, qui était déjà celle de Jacques Lafleur et de Jean-Marie Tjibaou de partager les responsabilités et les géographies doit être reprise à notre compte comme la solution inévitable pour préserver la paix et la stabilité de notre pays.
Lorsque deux forces s'opposent et que deux camps sont persuadés de défendre légitimement leurs valeurs, ils se retrouvent face à un choix. Celui de s'affronter jusqu’à la mort de l’un des 2 ou de se séparer pour mieux vivre. Ainsi, l’autonomisation des provinces peut représenter une opportunité de construction de plusieurs entités distinctes mais complémentaires, où chacun des peuples pourra enfin s'épanouir selon ses propres aspirations.
Chacune des parties en présence préserverait son identité, ses traditions et sa vision du monde, sans l'ombre portée de conflits incessants et destructeurs. Chacune des parties en présence pourrait disposer des compétences propres à la construction du modèle de société que ses populations réclament.
Ainsi, une réforme institutionnelle visant à l’autonomisation des provinces doit être désormais sérieusement envisagée. Elle doit être perçue comme une nécessaire évolution vers une coexistence pacifique et respectueuse entre des communautés de valeurs qui, bien que différentes, partagent un même territoire. Puisque le vivre ensemble est un échec et que l’affrontement n’est plus tolérable, marchons côte à côte."


Sonia Backès qui ajoute que la Calédonie devra maintenir son unité mais qu'il est essentiel que les provinces récupèrent la compétence fiscale pour bâtir la société attendue par leurs populations.
Concernant la Province Sud, elle propose de fonder son contrat social autour des valeurs républicaines, mais aussi autour des trois piliers que sont l'ordre, le mérite et le progrès.
Pour arriver à cet accord de paix, il faudra, dit-elle, que les non-indépendantistes soient plus unis que jamais. Mais il faudra également que les indépendantistes soient autour de la table
"Pour qu’un nouvel accord soit signé, il faut que les trois partenaires historiques du dossier calédonien se retrouvent, les indépendantistes, les non indépendantistes et l’État. Et qu’ils se retrouvent de manière honnête et déterminée à trouver une solution. Ce soir, devant vous, j’appelle solennellement les indépendantistes à revenir à la table des négociations. Nous les y attendons sans attendre que Paris nous désigne un nouvel interlocuteur pour le dossier Calédonien. Nous ne pourrons pas bâtir l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, qu’importe sa forme, sans vous. Vous ne pourrez pas, n’en déplaise aux plus extrémistes d’entre vous, le bâtir sans nous."
En conclusion, la présidente de la province Sud propose un projet pour vivre les uns à côtés des autres et où la cohabitation pacifique l’emportera sur la guerre, comme elle l’a emporté en 1988.



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