Séance chaotique au Congrès
Si la séance avait commencé dans le silence recueilli d'un hommage solennel à Louis Kotra Uregei, décédé le 20 octobre dernier en métropole des suites d'une longue maladie, l'unanimité n'aura pas duré bien longtemps, et la surprise est venue d'un texte qui, pourtant, semblait devoir la réunir sans problème. Il ne s'agit pas d'un texte de loi, encore moins de définir des montants d'investissements publics, mais du schéma pour la transition énergétique de la Nouvelle Calédonie.
Comme son nom l'indique, c'est une définition des lignes directrices que s'est fixée la Nouvelle Calédonie pour les années à venir, la plus importante étant de réduire de 70% d'ici 2035 ses émissions de gaz à effet de serre. On aurait parié sur des applaudissements, mais la douche froide est venue des groupes indépendantistes. D'abord par la voix d'Omeyra Naisseline qui au nom du groupe UC FLNKS et nationalistes dépose une motion préjudicielle, qui consiste à renvoyer le texte en commission, au motif que les élus manqueraient de lisibilité.
C'est ensuite le groupe UNI qui demande également le renvoi du texte pour les mêmes raisons.
Avec l'aide des voix de l'éveil océanien, la motion a donc été adoptée et le texte renvoyé.
Dans un communiqué publié après la séance, les Loyalistes dénoncent, "l'irresponsabilité des indépendantistes qui envoient une très mauvaise image de la Nouvelle Calédonie à l'échelon régional, national et international." Et ce n'était pas le dernier incident de la journée. Ainsi le rapport sur les risques financiers que font courir à la Nouvelle Calédonie ses participations au capital de différentes sociétés et syndicats mixtes n'a pu être étudié, en l'absence des membres du gouvernement concernés pour répondre aux questions des élus.
C'est en fin de séance un texte très attendu notamment par les acteurs du bâtiment présenté par Philippe Blaise qui a également été renvoyé en commission. Il s'agissait, pour les entreprises qui ont obtenu des marchés publics, de pouvoir ajuster leurs prix en fonction d'imprévus tels que le coût du fret ou la hausse des prix des matériaux. Cette fois les groupes indépendantistes se sont interrogés sur l'impact de cette mesure sur le budget des petites communes, allant jusqu'à voter contre des amendements demandés par la majorité indépendantiste du gouvernement. Et là encore Philippe Blaise y voit une intention politique.
Finalement cette séance qu'on croyait dédiée à des urgences, énergétiques, climatiques, financière et économique laisse une impression de confusion générale. Et une image plutôt brouillée du fonctionnement de l'institution.