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PROCES PERES : MAIS QUI DIT VRAI ?

12 avril 2023 à 01:58
PROCES PERES : MAIS QUI DIT VRAI ?

La difficulté de ce procès, c’est qu’il y en a deux. Celui, légitime, de l’accusé, et celui, dont la cour d’assises dira s’il l’était, de la victime. Car sur le passage à l’acte d’Olivier Pérès plane en permanence l’ombre de la personnalité trouble d’Eric Martinez, le simple soldat et faux colonel des parachutistes qui a, pendant des années, réussi à embobiner ses amis, ses employés, et ses relations amicales.


La clé de ce procès en appel est d’ailleurs dans cette question : dans quelle mesure l’influence psychologique qu’avait Martinez sur Pérès a-t-elle joué un rôle dans les évènements qui ont conduit le chirurgien devant une cour d’assises. Sur ce point le docteur Coutenceau est formel. Il ne s’agit pas d’un crime passionnel au sens où on l’entend habituellement. Olivier Pérès n’était pas du genre à considérer que sa vie sans Mathilde n’avait aucun sens, et donc à concevoir d’éliminer son rival par simple jalousie.


Il faut donc cherche ailleurs, et peut-être, dans cette fragilité soudaine de son esprit qui lui a fait prendre pour argent comptant la menace qu’Eric Martinez représentait à ses yeux, pour sa famille, pour ses enfants et même, pour son patrimoine. En résumé, Olivier Pérès avait d’Eric Martinez l’image d’un homme inquiétant qui l’aurait espionné, serait parti avec sa femme en le laissant sur la paille.
Olivier Pérès était-il fasciné par Eric Martinez ? Non, répond l’expert psychiatre. Mais intrigué, curieux et en partie admiratif, certainement.


Peut-on alors parler d’emprise ? C’est un mot que le docteur Coutenceau n’aime pas, car il désigne désormais tout ce qu’on ne parvient pas à comprendre simplement. Il préfère parler de manipulation, d’une intox distillée au compte-gouttes qui aurait peu à peu provoqué l’inquiétude, puis l’anxiété d’Olivier Pérès.


Car au moment des faits, l’expert estime qu’Olivier Pérès était dans un état de dépression avancé, au point que même après le retour de sa femme et la rupture avec Martinez, il ne se sentait pas rassuré, et il conclut que le discernement du chirurgien était altéré au moment des tirs. Mais il affirme aussi que si Mathilde Pérès avait trompé son mari avec n’importe quel autre homme, ce procès n’aurait pas eu lieu, et que la vraie expertise qu’il aurait voulu pratiquer aurait été celle d’Eric Martinez.


Depuis le début de la procédure, Olivier Pérès prétend que les menaces proférées sur ses enfants lui ont été rapportées par Madame Martinez, la veuve de la victime, ce qu’elle a contesté formellement en première instance. Aujourd'hui, son audition sera sans doute la dernière chance d’entrevoir une vérité, où qu’elle se trouve.


Gilles Ménage

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