Pour une politique minière

Pour une autre lecture de la mobilisation de l’ICAN
La mobilisation suscitée par le départ de Vale fait prendre conscience, à nouveau, des enjeux liés à la valorisation des ressources minières en Nouvelle Calédonie.
Ces enjeux vont au-delà des seuls principes devant régir le développement de l’industrie du nickel. Car outre son poids économique, le nickel a joué et joue encore un rôle majeur dans les débats politiques.
Après avoir érigé, en préalable aux discussions sur l’avenir institutionnel, la réaffectation du massif du Koniambo au profit d’un projet d’usine dans le Nord, le FLNKS obtient satisfaction en février 1998, et signe l’accord de Nouméa le 5 mai 1998.
Un véritable bouleversement s’est alors opéré avec l’apparition de deux nouveaux opérateurs (KNS et VALE) aux côtés de l’opérateur historique (SLN) et avec l’engagement financier des provinces au travers des actions qu’elles détiennent dans chacune des usines.
Si l’on excepte la participation dans la SLN, la détention par les provinces d’actions dans les deux autres complexes industriels répondent davantage à une logique politique qu’à une logique de rentabilité économique.
C’est pourquoi le "nouveau préalable" de l’UC me paraît répondre avant tout à une logique politique visant à accompagner le modèle économique de la province Nord.
En effet l’usine de KNS étant basée sur la même technologie que celle de la SLN, fours électriques traitant les mêmes minerais riches, par définition de plus en plus rares au fil de leur exploitation, a engagé ses promoteurs depuis 20 ans, dans une concurrence fratricide pour l’accès à la ressource. Par ailleurs le développement d’usines "off-shore" par la SMSP exige, aussi, l’accès à de nouvelles réserves minières qu’elle ne détient pas.
Dès lors un impératif s’impose à la Nouvelle Calédonie : celui de se doter d’une politique stratégique minière.
La coexistence de trois usines d’une telle ampleur sur le Territoire nécessite une coopération entre l’ensemble des acteurs pour que le développement se fasse harmonieusement et que la concurrence entre les acteurs ne porte pas préjudice mais profite à la Nouvelle Calédonie dans son ensemble. Or, actuellement, l’on constate surtout la très vive concurrence entre les trois opérateurs, qui sont en compétition tant pour disposer de titres miniers que pour faire prévaloir leur mode de production.
En conséquence il est urgent que l’Etat, garant des Accords et acteur déterminant de la mutation industrielle calédonienne, pour avoir accompagné la construction de l’usine du Nord au titre du rééquilibrage et s’être attaché au sauvetage de la SLN et l’usine du Sud, passe à l’étape suivante et se réengage dans la politique minière de la Nouvelle Calédonie.
Pierre Frogier