"Nous devons faire un pas décisif vers un compromis global", le message de Manuel Valls
Le ministre des Outremers a ouvert cet après-midi une nouvelle séquence de discussions consacrées à l'avenir institutionnel. Il s'est exprimé devant les délégations calédoniennes.

Manuel Valls qui a déclaré, tout d’abord : « je souhaite vous soumettre une proposition de méthode, un cadre de travail, appelé, bien entendu, à être enrichi collectivement. Son objectif est de structurer nos échanges de manière claire et partagée, dans la perspective d’un compromis politique à la hauteur des enjeux et de l’avenir d la Nouvelle Calédonie ». Et d’ajouter « mais avant de vous présenter le cadre des négociations, je vous invite à revenir ensemble sur le document d’orientations, fruit des premiers échanges tenus ici à Nouméa. Ce texte de travail n’est pas un simple point de départ technique : il énonce les principes qui doivent nous guider et nous inspirer sur le chemin exigent d’une solution co-construite ».
« Nous devons affronter la réalité sans détour. Les blocages politiques, le marasme économique et social, les violences, les peurs, l'absence d'horizon pour une partie croissante de la population rendent la situation intenable. Chacun s'accorde sur ce constat. Face à cela, chaque acteur est comptable de ses choix. Comptable devant les Calédoniens, c'est le principe de conséquence. Car si chacun reste figé dans sa posture ou le confort d'un discours, alors l'impasse est inévitable. Le ministre des outre-mer qui a poursuivi : « un rendez-vous historique nous attend et il n'offre qu'une seule issue acceptable, celle d'un compromis, d'un accord politique ». « Sans ce chemin, aucune reconstruction durable ne sera possible après les dommages humains, moraux, matériels et politiques provoqués par les violences du 13 mai 2024 » a encore déclaré le ministre des outre-mer.
Manuel Valls qui a ensuite rappelé ce qui a été fait depuis la crise insurrectionnelle de 2024…Pour le ministre, « l'État prend ses responsabilités. Il s'y engage résolument ». Et d’ajouter : J'appelle chacun à être conscient des risques d'explosion sociale au vu de la situation dans les quartiers, la dégradation des logements, des difficultés d'accès aux soins, à l'école. Je ne vous cache pas mon inquiétude face à l'aggravation des inégalités qui doit être traitée avec détermination par le gouvernement, les provinces, les communes ». « Attention à la population qui se sent au bord du chemin et discriminée ». Le ministre des outre-mer déclare encore « Je sais que le budget et la convention du prêt garanti par l’Etat ont été votées hier dans des conditions difficiles, mais soyons lucides, ces postures ne répondent pas aux attentes des Calédoniens ». Fin de citation.
Et dans la suite de son discours, Manuel Valls présente la méthode du gouvernement ! Méthode fondée sur trois piliers, selon le ministre des outre-mer : le dialogue, la responsabilité et la transparence. « Nous sommes réunis pour transformer les clivages en projets, les oppositions en équilibres nouveaux. Notre démarche repose sur plusieurs principes ». Des principes que le ministre a énumérés :
- Le socle politique et juridique.
- Le caractère inaliénable du droit à l'autodétermination reconnu au peuple de la Nouvelle-Calédonie, souverain quant à son destin.
- Les trois scrutins d'autodétermination qui ont abouti à une réponse négative quant à l'accession à l'indépendance et à la pleine souveraineté, et confirmant la volonté d'une majorité de Calédoniens de maintenir la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française.
- Mais aussi le contexte particulier dans lequel s'est tenue la dernière consultation, marquée par une forte abstention des Kanaks.
- La volonté partagée d'achever le processus de décolonisation déjà engagé, notamment en coopération avec les Nations Unies.
- La gravité des violences de mai 2024, révélatrice de profondes fractures.
- La nécessité de refonder un cadre politique durable, de reconstruire le vivre-ensemble et l'économie.
- La nécessité d'une période de stabilisation et de construction pour bâtir un contrat social calédonien.
- Cette période est nécessaire pour progresser dans la constitution du peuple de Nouvelle-Calédonie, en surmontant les clivages communautaires.
- Cette période est aussi nécessaire pour relever l'économie, en la diversifiant.
- Cela passe aussi par une intensification des relations de la Nouvelle-Calédonie avec ses voisins au sein de son environnement régional.
- Et enfin, le refus d'un processus qui mène à des couperets.
Le ministre des outre-mer qui a appelé, encore une fois, les élus calédoniens à la responsabilité.
Pour le ministre des outre-mer, le processus engagé en Calédonie est « inédit », « un modèle au niveau mondial, une fierté pour la République ». « Dans un monde à nouveau traversé par les logiques de domination, de brutalité et de repli, ce processus demeure une leçon, un exemple rare, un exemple calédonien, un exemple français. Celui d'une société qui choisit le dialogue plutôt que la rupture, la construction commune plutôt que l'affrontement. C'est à cette hauteur de vue que nous devons être fidèles » selon Manuel Valls.
Dans la dernière partie de son discours, le ministre des outre-mer réaffirme un objectif : « pour ces quatre jours c’est d'avancer ensemble. D'ici mardi, nous devons faire un pas décisif vers un compromis global définissant un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie ».
Manuel Valls qui décrit concrètement une méthode proposée : « elle se déroulera en trois temps ». D’abord la séance plénière d'ouverture de ce samedi après-midi, puis des échanges bilatéraux et des plénières, et enfin une séance plénière conclusive, mardi après-midi, pour parvenir à une version commune du nouveau document de travail qui sera transmis aux délégations calédoniennes. Document qui s'articulera autour de six grandes thématiques, et constituant, je cite encore : « les piliers d'un compromis politique ».
Ces thématiques sont les suivantes :
- d’abord les modalités d'exercice du droit à l'autodétermination, trajectoire de sortie de l'accord de Nouméa, période de stabilisation et de construction, conditions et calendriers d'un éventuel référendum de projet.
- mais aussi le partage et l’évolution des compétences régaliennes.
- l’établissement du modèle de gouvernance locale, et notamment la question de la répartition des sièges au congrès.
- La citoyenneté calédonienne et le corps électoral, avec la définition et critères d'acquisition.
- Une Loi fondamentale propre à la Nouvelle-Calédonie.
- Enfin le suivi, la validation et la pérennisation de l'accord, avec les modalités de révision, et le calendrier électoral.
Le ministre des outre-mer qui conclut : cette liste de thématiques constitue une base structurante du dialogue, construite à partir des échanges préparatoires. Elle n'est pas exhaustive. Chaque délégation pourra proposer l'ajout de sous-thématiques ou de sujets complémentaires dans le cadre de cette démarche de co-construction. Fin de citation.