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Les événements ont signé la fin de vie de la loi constitutionnelle

8 juin 2024 à 06:17
Les événements ont signé la fin de vie de la loi constitutionnelle

Près de quatre semaines après le début des exactions, le président du gouvernement, Louis Mapou, s'est adressé aux calédoniens dans une déclaration solennelle.
Il appelle au retrait de la loi constitutionnelle modifiant le corps électoral en souhaitant que lui soit substituée une loi relative à un accord global et il appelle à la levée des barrages.
Une déclaration solennelle de 35 minutes que Louis Mapou a débuté par une pensée à l'égard de toutes les victimes et un rappel des événements.
Cela fait 24 jours que la Nouvelle-Calédonie vit cette crise dont personne n’imaginait l’ampleur, les impacts douloureux et les conséquences considérables qu’elle a sur la vie quotidienne de la population calédonienne, déclare-t-il avant de constater que 15 jours après la visite du président de la République, le chemin d’apaisement et de désescalade n’a pas encore abouti à un rétablissement de la situation.
Le président du gouvernement critique ensuite les partis politiques qu'il renvoie dos à dos.
Le mouvement indépendantiste, et notamment le FLNKS, qui font preuve d’une gestion trop mesurée des événements.
Les Loyalistes et Le Rassemblement, d'autre part, qui continuent d’exceller dans une surenchère permanente, qui nourrit le climat de violence existant.


Il se livre ensuite au procès de la loi constitutionnelle modifiant le corps électoral.
Une loi décidée unilatéralement, dit-il, par les autorités nationales, qui a réouvert une plaie que nous avons mis du temps à panser et à cicatriser.
Une loi constitutionnelle qui est à la source de ces événements.
Une loi constitutionnelle qui est à contre-courant de l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie. Une loi inutile car elle doit être partie intégrante d’un projet global. Cette loi constitutionnelle ne peut donc, à mon humble avis, perdurer déclare Louis Mapou


" Le calendrier prévu n’est plus d’actualité car le président de la République française a fixé un rendez-vous pour faire le point sur l’évolution de la situation du pays à la fin juin 2024 pour sortir de la crise, ce qui rend improbable la tenue des élections provinciales fin 2024.
Par ailleurs, nous constatons que les autorités nationales et internationales ont repris conscience de l’acuité des défis et des enjeux qui habitent l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, ce qui, sur le plan national, complique une éventuelle adhésion à cette loi.
Ces événements ont en quelque sorte signifié la fin de vie de cette loi.
En affirmant à Nouméa qu’il ne passera pas en force, le président de la République française a, lui aussi, et à mots couverts, en quelque sorte sonné son glas et son lent abandon. Au vu de l’écho que ces événements ont reçu dans l’Hexagone, dans les départements et collectivités d’outre-mer, dans la région Pacifique et dans le monde, il est difficilement imaginable que le président de la République française veuille encore présenter ce projet de loi constitutionnelle.
C’est pour cela que j’appelle les responsables du CCAT, ses relais locaux et la jeunesse du pays à lever les barrages, les blocages, et à cesser toutes les exactions, même si leur mobilisation a contribué à la prise de conscience de l’acuité des problèmes de société existant et de la nécessaire attention que ces problèmes exigent. "


Et Louis Mapou ajoute qu'il a fait le même appel aux présidents du Sénat coutumier et des huit conseils coutumiers de la Nouvelle-Calédonie.
Mais cela ne suffira pas déclare le président du gouvernement. Il nous faut nous mettre au travail pour reconstruire et engager les discussions pour trouver un accord global sur l’avenir institutionnel de notre pays.
Et il pose les conditions qui peuvent permettre, selon lui, d'aboutir à cet accord global


*" Pour y parvenir, il faut réinstaurer les conditions d’une confiance retrouvée, d’une stabilité interne et d’un climat propice pour dialoguer sur l’avenir. A cet effet :



  • Il est important que le président de la République française explicite avec plus de clarté ses intentions en faveur d’un retrait de ce projet de loi qui nous a fait tant de mal pour lui substituer une loi constitutionnelle relative à un accord sur un projet politique concernant le futur du pays, comme cela a été réalisé lors des accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa ;

  • La justice doit œuvrer pour un traitement équitable et transparent des auteurs des exactions et des infractions, de quelque côté que ce soit, notamment pour appréhender et mettre fin aux activités des groupes armés qui sévissent ;

  • Les forces de sécurité doivent faire preuve de plus discernement dans leurs interventions ;
    -Les responsables politiques doivent s’engager résolument dans des discussions approfondies sur l’avenir et sortir des stratagèmes à visées électorales de court-terme. "*


Le président du gouvernement évoque ensuite les conséquences économiques de la crise et les besoins de reconstruction.
Il déclare qu'une première évaluation de l’impact de la crise permet aujourd’hui de cerner le niveau et les types de besoins mais il estime que ce que propose l'Etat est insuffisant
"Nous avons pris acte de l’annonce faite par l’Etat – dans son communiqué en date du 5 juin – qui indique qu’il ne participera qu’au financement de la moitié seulement des besoins. Cela est bien sûr largement insuffisant compte tenu de la situation financière de la Nouvelle-Calédonie."
J’ai écrit au président de la République française pour demander que le soutien de l’Etat garantisse le financement des besoins pour trois mois, en attendant que l’on définisse avec plus de précision le plan de reconstruction. Ces besoins sont relatifs au chômage partiel de plus 7 000 personnes ainsi qu’à la perte de ressources fiscales et sociales du fait des mesures de soutien aux entreprises.
Nous étudions les différentes options dont dispose la Nouvelle-Calédonie. J’ai notamment réuni les diplomates des pays amis qui sont représentés en Nouvelle-Calédonie pour évoquer avec eux la situation. J’ai sollicité auprès de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Vanuatu, du Japon, de l’Indonésie, de la Communauté du Pacifique (CPS) et de l’Union européenne un soutien à la reconstruction. Et je remercie le territoire de Wallis-et-Futuna pour l’effort exceptionnel de 20 millions de francs CFP qu’il a octroyé en solidarité avec la Nouvelle-Calédonie.


"Cette crise a touché la Nouvelle-Calédonie dans sa chair et dans son âme " ajoute Louis Mapou qui affirme que le gouvernement est pleinement mobilisé pour aider à rétablir la paix, à se ressaisir et à se dépasser pour panser les plaies du pays et continuer à construire notre communauté de destin.
Je demande à nouveau le rétablissement du calme, il salue l’engagement de toutes les collectivités pour agir solidairement dans la gestion de la crise.
Et il demande aux responsables politiques de tirer les enseignements de cette crise pour amener la Nouvelle-Calédonie, par le dialogue et par la discussion, à écrire une nouvelle page de son histoire pleine d’espérance pour ces enfants.
Une façon, conclut-il, de faire honneur au pari de l’intelligence et à la poignée de mains de Matignon.


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