L'UC applique le préalable minier

C'est la concrétisation du préalable minier qui était évoqué depuis plusieurs semaines. Dans cette lettre ouverte, Daniel Goa, le président de l'UC rappelle que, lors de sa rencontre avec le ministre des Outre-Mer, tant à Hienghène que sur l’îlot Leprédour, il avait dit l’importance que l'Union Calédonienne attachait à une juste solution du problème posé par la vente de l’usine du Sud.
Il semble – écrit Daniel Goa – que notre message n’ait pas été entendu et que l’Etat ait sur ce dossier choisi, non seulement de ne pas tenir compte de nos propositions et avertissements, mais encore de reprendre la bonne vieille habitude coloniale de considérer la parole kanak pour quantité négligeable.
A l’évidence – poursuit Daniel Goa – monsieur Lecornu n’a pas encore compris qui nous sommes et que nous ne céderons rien sur le dossier VALE.
Dans ce courrier, Daniel Goa appelle donc tous les militants de l’Union Calédonienne à se mobiliser aux côtés des membres de l’ICAN pour faire front – et je cite – contre le projet mortifère proposé par l’actuelle direction de VALE et ses alliés au sein de la Province Sud, du Gouvernement local et de l’Etat colonial.
Il appelle aussi les dirigeants et les militants des autres forces indépendantistes, à rejoindre ce combat pour faire de l’usine du Sud une véritable "Usine Pays".
Daniel Goa qui prévient qu'il écrira très prochainement au Président de La République pour l'informer de la décision de l’Union Calédonienne de ne pas rejoindre les discussions sur l’avenir institutionnel et cela tant que l’Etat ne se sera pas enfin engagé sur la voie d’une décolonisation qui ne se paye pas que de mots, mais d’actes concrets. Fin de citation.
Réactions du camp du NON
Cette annonce de Daniel Goa a appelé une réponse immédiate de la présidente de la Province Sud. A son tour, Sonia Backès a publié une lettre ouverte dans laquelle elle en appelle à la responsabilité des membres du "groupe Leprédour".
Elle affirme également : "nous ne laisserons pas faire !"
La présidente de la Province Sud rappelle que, le projet qui fait l’objet d’une période d’exclusivité est un projet Calédonien, parce que 50% du capital sera Calédonien !
Cet actionnariat est porté par les structures économiques de la Province Sud et par les salariés, explique Sonia Backès et c'est cela – écrit-elle – que contestent l’ICAN, et certains membres du FLNKS.
Ils ne considèrent pas que la Province Sud et les salariés sont des intérêts calédoniens. Selon eux, seuls sont calédoniens les structures portées par les indépendantistes, donc la Sofinor ! On voit bien là leur vision du destin commun écrit la présidente de la Province Sud.
En résumé, les indépendantistes cherchent, dans ce combat, à permettre à la province Nord de faire main basse sur les ressources du Sud.
Nous ne laisserons pas faire ! Ajoute Sonia Backès.
Nous sommes, nous aussi, capables de nous mobiliser pour sauver les 3000 emplois qu’ils sont prêts à sacrifier pour "la cause", et nous le ferons si ce chantage perdure.
La présidente de la Province Sud qui en appelle à la responsabilité des membres du "groupe Lepredour".
Réaction également des Loyalistes. Dans un communiqué, ils prennent acte de la volonté de Daniel Goa, de ne plus participer aux discussions sur l’avenir institutionnel
Les Loyalistes rappellent qu'ils ont affirmé, leur volonté d’engager au plus vite des discussions pour aboutir à un référendum de projet, après que la majorité des Calédoniens ait confirmé, par deux référendums, en l’espace de deux ans, sa volonté de rester français.
Ils saluent donc l’initiative de l’État d’avoir initié un premier espace de dialogue et ils prennent acte de la volonté de Daniel Goa, de ne plus participer aux discussions sur l’avenir institutionnel.
Les Loyalistes condamnent cette attitude, en contradiction avec celle affichée lors de la venue du ministre des Outre-Mer et ils affirment qu'un dialogue constructif, stable et respectueux, ne peut aboutir sous la menace ni sous la pression d’un préalable minier ou de toute autre nature.
Nous n’accepterons jamais ces méthodes écrivent-ils.
Les Loyalistes qui confirment leur volonté de poursuivre le dialogue avec l’État et les autres composantes politiques tel que prévu.
Si ces discussions devaient échouer – écrivent-ils – nous irions une nouvelle fois vers un référendum binaire et les Calédoniens confirmeront une nouvelle fois leur attachement à la République Française.
Et puis, autre prise de position. Elle émane de Calédonie ensemble dont plusieurs responsables ont écrit au président de Vale Monde pour se proposer comme médiateurs
Cette proposition de médiation est signée des députés Philippe Gomès et Philippe Dunoyer, de Philippe Michel et de Jean Kays.
Ils précisent qu'en tant que Parlementaires pour les uns, ancien président de la province Sud ou du Sénat Coutumier pour les autres, ils ont proposé au Président de Vale Monde, de mener une action de médiation entre les différentes parties prenantes au nom de leur expérience en profondeur du dossier de l’usine du Sud.
Ils précisent que l’Etat est bien évidemment informé de la démarche dont ils ont pris l’initiative.