La fréquence aux couleurs de la France

Gouvernement. Vers un blocage ?

22 juillet 2021 à 19:02
Gouvernement. Vers un blocage ?

Cette difficulté qui se dessine est un vrai problème car l'élection du président et du vice-président est la condition indispensable pour avoir un gouvernement de plein exercice. Sinon, c'est le gouvernement sortant qui continue à expédier les affaires courantes et cette situation – que l'on a connue par le passé – peut durer plusieurs mois.


Nous n'en sommes pas encore là mais c'est l'un des scénarios possibles et même probable aujourd'hui. Dès 9h ce matin, les élus du Congrès vont élire les 11 membres du gouvernement selon un scrutin de liste à la proportionnelle.


Quatre listes déposées

On connait donc la composition de ce futur gouvernement :


Quatre membres de l'Avenir en confiance qui seront Thierry Santa, Christopher Gyges, Isabelle Champmoreau, et Yoann Lecourieux.


Un membre de l'Eveil Océanien, Vaimua Muliava


Un membre de Calédonie ensemble, en l'occurrence Philippe Germain


Trois membres de l'Union calédonienne : Gilbert Tyuienon, Didier Poidyaliwane et Jean-Louis d'Anglebermes


Et deux membres de l'UNI, Valentine Eurisouké et Jean-Pierre Djaiwé


Jusque-là, pas de problème et le haut-commissaire va ensuite convoquer ces 11 élus. A priori, à 11h, dans l'immeuble du gouvernement et c'est là, qu'ils devront trouver une majorité de six voix pour élire leur président et leur vice-président.


Une majorité introuvable pour l'instant

C'est le casse-tête du jour. Comment trouver six voix pour élire le président du gouvernement ?


Il y aura sans doute deux candidats. Chez les partisans du maintien dans la France, ce sera Thierry Santa qui conduit la liste de l'Avenir L'Avenir en confiance sur laquelle figure l'Eveil océanien. Il peut compter sur 5 voix mais ce n'est pas suffisant pour être élu.


Il y aura aussi un candidat indépendantiste et il disposera lui aussi des 5 voix de l'UC et de l'UNI mais là non plus, ce n'est pas suffisant.


Calédonie Ensemble s'abstiendra

Reste Calédonie ensemble qui a décidé de s'abstenir lors de l'élection du président du gouvernement. Pas de soutien à l'Avenir en confiance déclare Philippe Michel, le secrétaire général de Calédonie Ensemble, sauf à remettre totalement à plat ce partage des responsabilités institutionnelles pour revenir aux situations de 2009 ou de 2014. Mais le mouvement ajoute aussi une critique très vive des orientations économiques de l'Avenir en confiance et de l'Eveil océanien, orientations qualifiées d'ultra libérales. Critique également, au passage, de la demande d'organiser le plus vite possible le deuxième référendum. Calédonie ensemble qui se situe donc dans l'opposition et qui refusera de voter pour un candidat quel qu'il soit. Cela risque d'aboutir à un blocage de l'institution mais le mouvement ne veut pas en assumer la responsabilité. Calédonie ensemble affirme que c'est au vainqueur des élections provinciales de trouver une solution politique.


L’Avenir en Confiance regrette la décision de Calédonie ensemble qui refuse de voter pour Thierry Santa à la présidence du gouvernement alors même que les élus de l'Avenir en confiance avaient porté leurs voix sur la candidate de Calédonie Ensemble à la présidence du Congrès.


Il renouvelle par conséquent son appel à l’ensemble des forces politiques Calédoniennes pour la constitution, dans les meilleurs délais, d’un gouvernement consensuel et pour un retour de la collégialité au sein de l’exécutif, afin de répondre rapidement aux attentes légitimes des Calédoniens. "Si Calédonie Ensemble venait à prendre en otage les institutions, ils porteraient une très lourde responsabilité vis-à-vis des Calédoniens qui devront subir leur choix." Autre prise de position, celle de Nicolas Metzdorf qui fait savoir que ce matin, au Congrès, il votera pour la liste de l'Avenir en confiance et de l'Eveil océanien. Nicolas Metzdorf et Nina Julié qui signent conjointement ce communiqué souhaitent que le gouvernement se dote rapidement d’un nouvel exécutif. Pour cela, ils appellent le membre Calédonie Ensemble du gouvernement à voter en faveur du candidat non-indépendantiste à la présidence.


Les indépendantistes ne négocient pas avec les loyalistes

Et il ne semble pas non plus y avoir d'issue en vue du côté des indépendantistes qui affirment ne vouloir voter que pour un candidat indépendantiste. C'est ce que dit, dans un communiqué, Pierre Chanel Tutugoro le chef du groupe UC FLNKS et Nationalistes du Congrès. Il parle d'un front solidaire FLNKS, et il affirme qu'aucune négociation, ni accord n’ont été faits, ni trouvés avec une quelconque force politique en présence, autre qu’indépendantiste. Cela limite donc les possibilités.


Et sauf déblocage improbable de la situation, il sera impossible d'élire ce matin le président et le vice-président du 16ème gouvernement. La Nouvelle-Calédonie connaîtrait alors une crise comparable à celles qu'elle a traversées en 2015 et en 2017 et qui avaient duré plusieurs mois.

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