La fréquence aux couleurs de la France

Comprendre les raisons peu explicites d'un choix incompréhensible.

Manuel Valls a pris acte, sans surprise, de la motion adoptée par le FLNKS à l'issue de son congrès extraordinaire. Il confirme sa venue en Nouvelle-Calédonie et annonce le dépôt d'une proposition de loi organique pour reporter les provinciales à juin 2026

Par Elizabeth Nouar 14 août 2025 à 00:47
Valls à Nouméa

Quelques heures après la conférence de presse du FLNKS, confirmant son rejet de l'accord de Bougival, le ministre des outremer s'exprime dans un long post, sur ses réseaux sociaux.

"J'ai pris acte, sans surprise, de la motion adoptée par le FLNKS à l'issue de son congrès extraordinaire. Elle « rejette formellement » l'accord de Bougival, refuse de participer au comité de rédaction - pourtant conçu pour éclairer, approfondir, préciser et compléter le texte - tout en souhaitant maintenir un dialogue bilatéral avec le gouvernement. Ma porte reste évidemment ouverte pour comprendre les raisons peu explicites de ce choix incompréhensible.
 
 

 

"Je ne me résigne pas car c’est bien cette méthode qui a permis, par le passé, de surmonter les crises et de bâtir des accords fondateurs, garants de paix et de stabilité. "

À ce stade, il tourne le dos à la recherche de consensus et à la discussion collective, avec l'ensemble des partenaires, indépendantistes comme non-indépendantistes.
Je ne me résigne pas car c’est bien cette méthode qui a permis, par le passé, de surmonter les crises et de bâtir des accords fondateurs, garants de paix et de stabilité.
Ma détermination reste intacte. Fort de la confiance du Président de la République et du Premier ministre, ma mission est claire, elle n’a pas changé : parvenir à une solution d’avenir pour la Nouvelle-Calédonie. Et ce travail se poursuivra, comme depuis mon arrivée à la tête de ce ministère, dans l’écoute de chacun et conscient de l’intérêt des Calédoniens. Sans céder à la menace de la violence ou du blocage.
Je ne cherche aucun passage en force. Je ne tomberai pas dans le piège des mots qui blessent et dans la confrontation. J’aime la Nouvelle-Calédonie, je respecte profondément l’identité de chacun et évidemment celle du peuple kanak. Contrairement à ce que je peux lire, la reconnaissance de l’identité kanak n’est pas remise en cause : elle est préservée. Le texte le réaffirme clairement en rappelant que les accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa constituent « des acquis historiques » et en précisant que « les dispositions de l’Accord de Nouméa qui ne sont pas contraires au présent accord demeurent en vigueur. »
 
 

Je ne cherche aucun passage en force. Je ne tomberai pas dans le piège des mots qui blessent et dans la confrontation. 

Mais nous mettrons en œuvre le projet de Bougival, ce pari de la confiance, qui est inédit et qui représente une nouvelle avancée pour la Nouvelle-Calédonie : l'instauration d'un État doté de la capacité d'auto-organisation à travers une loi fondamentale et de la compétence en relations internationales dans son champ de compétences, et pouvant être reconnu par la communauté internationale. L'accord institue aussi une nationalité calédonienne. Le transfert de compétences régaliennes est encadré par un mécanisme initié par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie et validé par les Calédoniens eux-mêmes.
Quelle autre alternative sinon ? Le statu quo? La fuite en avant ? L’impasse ? La confrontation ?
Je sais pouvoir compter sur la même détermination des autres partenaires : les Loyalistes et le Rassemblement, Calédonie Ensemble et l’Éveil Océanien et évidemment les indépendantistes de l’UNI-Palika, qui ont tous choisi d’honorer leur signature et de défendre l’accord de Bougival, fidèles à l'engagement pris à l'aube du 12 juillet dernier.
Nous savons pouvoir compter sur une large part de la population, dans toute sa diversité, qui aspire à vivre ensemble et à retrouver des perspectives socio-économiques solides.
 
 

L’accord de Bougival est une opportunité extraordinaire et historique.

Ce n'est pas du « chantage économique et social » que de dire la vérité : sans accord, sans stabilité politique, il n'y aura pas de repreneurs pour le nickel, la pénurie de soignants perdurera et les inégalités continueront de se creuser. Personne ne souhaite voir cette réalité s'installer qui frappe les populations les plus fragiles et la jeunesse.
Je le redis : L’accord de Bougival est une opportunité extraordinaire et historique.
La semaine prochaine, je serai en Nouvelle-Calédonie.
Je rencontrerai toutes les délégations politiques, j’installerai le comité de rédaction. Nous examinerons le projet de loi de réforme constitutionnelle.
J’irai à la rencontre des Calédoniens, du Sénat coutumier, des maires, des forces économiques et sociales, ainsi que des personnels de santé.
Chacun devra assumer ses responsabilités et privilégier l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Ce 13 août, une proposition de loi organique (PPLO) a été déposée par six présidents de groupe du Sénat, témoignant d’une volonté transpartisane d’accompagner la mise en œuvre de l’accord politique signé le 12 juillet 2025 à Bougival. Elle prévoit de reporter les élections provinciales à juin 2026, conformément au calendrier fixé par l’accord sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Je salue le dépôt de cette PPLO et souhaite que le Parlement puisse en débattre dès la reprise des travaux parlementaires."
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