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Cambrioleur tué à Port-Ouenghi : émotions aux assises

20 novembre 2023 à 08:52
Cambrioleur tué à Port-Ouenghi : émotions aux assises

L'affaire avait provoqué beaucoup d'émotion et elle est toujours palpable dans cette salle d'audience où beaucoup de larmes coulent en ce premier jour d'audience. Celles de l'accusé à l'évocation de son geste, et celles des témoins, famille ou amis venus dire leur souffrance depuis le drame, et leur crainte pour l'avenir.


Ce père de famille exemplaire, vrai calédonien humble et réservé, amateur de coups de chasse et de coups de pêche, sait que sa vie a basculé cette nuit de février 2021. D'entrée, les témoignages des uns et des autres ont balayé le motif raciste, venant d'une famille profondément métissée. Chez les Parage, on ne dit pas un kanak ou un chinois. On appelle les gens par leur prénom.


"Nous sommes des animaux sociaux mais territoriaux. Nous n’aimons pas que quelqu’un pénètre sur notre propriété et en Calédonie tout le monde a une arme. Mais nous savons aussi que voler une voiture ne mérite pas qu’on tue le voleur". Sur ces points le témoignage de l’expert psychiatre qui a examiné Jean-Louis parage est formel. L'homme est le fils de la famille, frère de 3 sœurs qu'il a toujours protégées, pour qui il a été un exemple comme il l'est aujourd'hui pour son propre fils.


Sa propriété de Port-Ouenghi, acquise après une vie de labeur, 34 ans passés à la SLN, c’est son havre, son rocher, son sanctuaire. Sa propriété il la protège bien sûr. D'habitude, la nuit, les lumières s'allument si quelqu'un entre mais c'est un système qui fonctionne à l'énergie solaire et ce 4 février 2021, en plein passage du cyclone Lucas, il pleut des cordes depuis 2 jours. Plus rien ne fonctionne. Ni les lumières extérieures, ni les téléphones portables, ni même l’éclairage public.


Et puis il y a ces cambriolages réguliers à la Ouenghi, ce conflit à l’usine du Sud, ces barrages au carrefour de Thio, les référendums… Tout le monde est inquiet. Dans les moments de stress on se dit même que 84 va recommencer alors évidemment la carabine de chasse à lunette 270, elle est sous le lit depuis déjà quelques jours et quand Jean-Louis Parage entend des bruits provenant de son carport, il prend son arme pour aller voir. Dans l'obscurité totale, ne sachant pas ce qui l'attend, il distingue une forme qui bouge près de la voiture et tire au jugé. Stéphane Moindou , 24 ans est touché mortellement. Jean-Louis parage s’approche et découvre les dégâts. Sa femme doit aller prévenir les secours chez un voisin qui a une ligne fixe. Nous sommes en alerte 2, les gens sont censés rester chez eux. Les secours mettent du temps à arriver et ce n’est qu’au cours de sa garde à vue à la gendarmerie de Boulouparis que Jean-Luc parage apprendra le décès du jeune homme. Il est terrassé et fond en larmes à plusieurs reprises comme le précisera à la barre le directeur d’enquête de la gendarmerie.


Jean-Louis Parage cherche une explication sans se chercher d’excuse, et il est bien conscient de la disproportion entre la cause et la conséquence de son acte. C’était un tir réflexe, un tir d’instinct auquel je n'ai pas réfléchi, explique-t-il. Incarcéré à l’isolement au Camp-Est pendant 15 jours puis assigné à résidence sous bracelet électronique Jean-Louis parage a changé. Quelque chose le ronge de l’Intérieur disent ses proches. Lui ne dit qu’une chose : je suis prêt. Sous-entendu : à accueillir le verdict qui sera rendu demain.


Gilles Ménage

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