La fréquence aux couleurs de la France

B. Retailleau écrit aux Calédoniens

23 juillet 2021 à 00:21
B. Retailleau écrit aux Calédoniens

La tribune de Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains au Sénat


"A l'approche du référendum en Nouvelle Calédonie, je souhaite adresser, au nom du groupe Les Républicains au Sénat que je préside, mon amitié et mon soutien à nos compatriotes calédoniens.


Dans ce moment déterminant, pour la Nouvelle Calédonie comme pour la Nation tout entière, ceux, très nombreux, qui s'apprêtent à faire le choix de la France peuvent éprouver des sentiments contradictoires, entre la confiance et l'appréhension, la volonté de convaincre et le désir constant de rassembler. Car ces Français de Calédonie connaissent le prix d'une paix si chèrement acquise. Je le sais. Je l'ai vu lorsque je me suis rendu en 2018 en Nouvelle Calédonie, à l'invitation de Pierre Frogier.


Ces sentiments contradictoires ne sont pas seulement légitimes. Ils sont nécessaires. Car, en définitive, c'est bien de sentiments qu'il s'agit. Certes, le refus de l'indépendance est le choix de la raison. Parce que c'est le choix de la croissance, à travers un développement équilibré, conjuguant les énergies calédoniennes et métropolitaines. Parce que c'est aussi le choix de l'influence, de la puissance, dans une aire pacifique en proie à de vastes bouleversements. Mais c'est aussi, d'abord, un choix du cœur. Parce que c'est le choix d'une adhésion, non pas une idéologie ni même à une idée mais à un idéal. L'idéal français. Cet idéal qui conjugue ce qu'il y a de plus singulier dans chaque être humain et de plus universel chez tous les hommes. Cet idéal qui vit à travers les Français de Nouvelle Calédonie. Porteurs d'une identité propre, d'une personnalité à nulle autre pareille, ils forment pourtant avec les Français de la métropole, une même personne, comme aurait dit Michelet.


Ce choix du cœur, que la Nouvelle Calédonie a toujours fait et dont je ne doute pas qu'elle le refera, oblige la République. Il l'oblige à sortir de cette étrange neutralité dont le Gouvernement a parfois fait preuve, sous prétexte de prudence. Disons les choses : dans ce débat sur l'indépendance, le Gouvernement ne peut se contenter de jouer les bons offices ! Il ne peut se contenter d'être le garant de l'impartialité du scrutin. Il se doit aussi d'être le garant de ce qu'incarne la République : une solidarité, une unité, une indivisibilité, celle-là même qui est inscrite dans le marbre de la Constitution.


Alors ce que le Gouvernement a parfois tant de mal à dire à la Nouvelle Calédonie, disons-le-lui ! Disons à nos compatriotes calédoniens que tout un peuple les soutient, qui jamais ne se résignera à se voir séparé d'une partie des siens. Disons à ces concitoyens que tout un peuple se souvient, du sacrifice de ces soldats calédoniens partis combattre en 1914 et dont un quart d'entre eux ne revint, de ce courage du bataillon Pacifique dans les sables de Bir Hakeim, de la force d'âme de ces hommes de bonne volonté qui, comme Jacques Lafleur, permirent les accords de Matignon, scellèrent la paix pour tous les Calédoniens.


Ce peuple, c'est le leur autant que le mien. C'est le nôtre. C'est le peuple de France, d'ici ou d'ailleurs, sur lequel se lèvera toujours nos trois couleurs."

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